Notre enseignement connaît, une fois de plus, une révolution : le pacte d’excellence, le cours de citoyenneté, une heure de latin…
Que de réunions, de colloques, d’articles de presse, d’heures de télévision consacrés à cet enseignement que l’on veut nouveau.
Et pourtant, il y a déjà plus d’un siècle, Jules Ferry (1832-1893), pour qui je voue une grande admiration, fut ministre de l’instruction publique en France. Grand défenseur de la laïcité dans l’éducation, il voulut conserver le dossier de l’enseignement, tant il lui accordait de l’importance, et ce, même lorsqu’il devint président du conseil.
Dans son ouvrage consacré à « Jules Ferry. La liberté et la tradition » Mona Ozouf écrit : « Jules Ferry souhaitait délivrer l’enseignement secondaire de l’asséchante tyrannie du discours latin et faire aux sciences une place plus large. Mais il était conscient qu’un tel sacrifice avait « sa mélancolie », car il savait l’attachement de la bourgeoisie française aux études classiques.
Et dans ce penchant naturel pour la tradition, il voyait à la fois une bonne fortune et un danger. Une bonne fortune car, dans un monde voué par l’industrialisation à la vulgarité et à l’uniformité, les études classiques réservent leur chance à l’amour du beau et au sens du droit. Mais un danger aussi, celui de méconnaître les besoins nouveaux en se trompant de siècle et de méthode. On ne peut demander au seul passé de dicter les principes de l’art social : la liberté conserve toujours sa capacité de les évaluer en fonction de ses propres critères. »
Et cela, il y a déjà plus d’un siècle !
Claude Delhalle
Président